Files

Abstract

Depuis le tournant des années 2000, les villes indiennes connaissent une croissance impressionnante des investissements, un boom de la construction et une forte spéculation immobilière. La plupart des programmes de construction visent à répondre en priorité à la demande forte d'une classe moyenne dont les revenus ont rapidement augmenté. En particulier, les cadres indiens de retour d'Amérique du Nord, du Golfe ou de Grande- Bretagne, contribuent fortement à la diffusion des modèles et des images urbanistiques. La "gated community" se définit par la fermeture, par le contrôle physique de l'accès à un espace ceint de barrières, où le mode de vie se développe selon des critères différents de ceux de l'urbanité "ordinaire". L'essentiel des constructions nouvelles en Inde aujourd'hui se fait derrière des murs : qu'il s'agisse des "Zones Economiques Spéciales" (SEZ), de quartiers neufs ("townships"), de zones industrielles, de campus, de zones de sécurité militaire, des enclaves médicales, des zones touristiques, une bonne partie des constructions neuves seraient-elles désormais d'accès "réservé" ? L'espace de la ville indienne semble ainsi en cours de fragmentation rapide. Ce système d'enclavement territorial est – il nouveau dans le paysage urbain indien ? On peut se demander si, traditionnellement, cet espace n‘était pas déjà fragmenté de façon invisible ; les barrières aujourd'hui dressées ne seraient peut-être que la traduction physique et le renouvellement, dans l'espace, d'une tradition sociale faite de complémentarité et d'exclusion. Cependant, l'explosion des gated communities pourrait aussi traduire une approche nouvelle de l'environnement construit et de la coexistence entre classes sociales.

Details