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Abstract

Résumé en français: À travers le concept « d’au-delà humanitaire », cette thèse s'intéresse au rôle de la bureaucratie dans la soi-disant « crise » des réfugiés syriens en Jordanie et au sens d’une vie dans une situation d'urgence prolongée. Cette recherche examine ainsi les transformations graduelles des interventions humanitaires en programmes de développement et retrace les processus par lesquels ce passage conduit á des conditions de vie “sans issues”. En abordant le pouvoir de la bureaucratie dans la production et le maintien de la vie dans des conditions 'sans issues', mais aussi la façon dont les gens naviguent à l’intérieur, à travers et au-delà des limites de ces conditions, cette recherche contribue aux recherches sur l'humanitarisme, les temporalités et l'attente, la bureaucratie, le déplacement et des études sur l’aire du Moyen-Orient. Au terme de 16 mois de recherche documentaire et de travail ethnographique avec des humanitaires locaux et des réfugiés syriens dans des espaces urbains, des campements irréguliers (ITS) et dans le camp de réfugiés d'Azraq, l'étude explore la façon dont des processus bureaucratiques à différents niveaux (étatique, au niveau des organismes internationaux et des opérateurs humanitaires de terrain) influencent l'humanitaire tel qu'il est imaginé, pratiqué et vécu dans cet espace. En retraçant les interconnexions entre lesdits processus bureaucratiques, cette ethnographie invite à penser la bureaucratie non seulement comme un outil épistémologique de « connaissance et de mise en pratique » de l'humanitaire, mais comme une condition à travers laquelle certaines épistémologies humanitaires sont produites. English Summary: Situated in Jordan, a “humanitarian hub” of the MENA region, this research explores the role of bureaucracy in (re)producing a humanitarian afterlife. Conceptualizing a “humanitarian afterlife,” it attends to the aftermath of the so-called Syrian refugee crisis in Jordan and asks what it means to live and work in an extended emergency that is simultaneously no longer and not over. It examines how, over time, humanitarian interventions transform into development programs and traces the processes through which such transformations generate living conditions of “no exits.” Addressing the power of bureaucracy in producing and sustaining life in “no exits,” but also how people navigate in, through, and beyond the limits of such conditions, this research contributes to scholarship on humanitarianism, time and waiting, bureaucracy, displacement, and the Middle East. Through 16 months of ethnographic fieldwork engaging with local humanitarians and Syrian refugees in urban spaces, irregular tented settlements (ITSs) and in Azraq Refugee camp, the study explores how bureaucratic processes at different levels thread humanitarianism as imagined, practiced, and lived together. It examines how international organizations, states, and donors envision humanitarian operations, how these visions are framed and formulated in plans and policy documents, how they are implemented on the street-level, and how humanitarians and refugees navigate them. Tracing the interconnections between these processes, this ethnography proposes that bureaucracy is not an epistemological tool “of knowing and doing” humanitarianism but a condition through which certain humanitarian epistemologies are made.

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