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Abstract
À la fin de la seconde guerre mondiale, les applications de la science nucléaire posent un grave problème à la sécurité internationale. Leur développement demande de trouver un dispositif institutionnel et politique qui permette d'éviter que les applications ne soient détournées du secteur civil au militaire. Les débats qui contribuent à construire le champ d'expertise américain de la non-prolifération nucléaire offrent un site privilégié pour analyser quelles sont les différentes conceptions du rôle des États-nations dans les politiques de sécurité que différents experts peuvent défendre. En montrant quelles disciplines (sciences physiques, sciences politiques, droit) se mobilisent dans ce débat, quelles stratégies d'institutionnalisation les différentes experts poursuivent, et de quels publics ils capturent l'attention (publics académique, think tanks, autorités publiques), cette analyse met en lumière les conditions affectant le succès de ces différentes reformulations des relations entre science, pouvoir souverain et sécurité internationale. Cette approche complète les travaux néo-institutionnalistes sur l'internationalisation des modes de régulation des sciences en montrant la place centrale que joue la question de la souveraineté dans les débats sur le lien entre science et sécurité.