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Abstract
Quel a été le rôle du réseau transnational de Jean Monnet dans la conduite des négociations entre Américains et Européens qui suivirent la signature du Traité Euratom de mars 1957 ? Plus précisément, comment la question du contrôle des usages des matières fissiles en Europe a-t-elle été négociée entre les États-Unis et la Communauté Euratom ? Il s’avère que Jean Monnet, la Maison Blanche et le Département d’État ont élaboré une tactique commune d’obscurcissement du projet européen, qui en masquait les enjeux militaires et stratégiques. Le choix de cette tactique d’énonciation fut en partie déterminé par l’opposition interne américaine, notamment de l’Atomic Energy Commission et du Congrès, au transfert de compétences, en termes de contrôle, des Américains aux Européens. Contrairement aux analyses néoréalistes de l’intégration européenne, qui toutes insistent sur la faible influence des réseaux transnationaux sur les décisions des gouvernements, cette analyse fait donc ressortir leur importance, laquelle, dans l’histoire de l’Europe, s’exerça moins dans les négociations intergouvernementales des traités européens, que dans les négociations transatlantiques, entre États-Unis et Europe, notamment à propos de la question nucléaire.