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Abstract
Fuyant la riposte du régime de Saddam Hussein suite aux insurrections du printemps 1991 en Irak, plus de deux millions de Kurdes migrent vers les hautes montagnes du nord dans l’espoir de rejoindre la Turquie et l’Iran. Coordonnée par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), la réponse humanitaire à cette crise du Golfe est une expression du paradigme d’intervention internationale qui prévaut à ce jour. Dans cette première grande « opération multipolaire », les agences humanitaires et développementales entrent dans un pays toujours en proie à un conflit armé, aux côtés d’une coalition militaire internationale en guerre contre ce même régime. Pour forcer l’accès à la réponse humanitaire internationale, une zone d’exclusion aérienne est établie au nord du 36e parallèle par la US Air Force – au dam de la souveraineté irakienne. Dans le « havre de sécurité » posé en terre kurde, l’UNHCR le devient régent des États partis à la guerre du Golfe, et coordonne la réponse humanitaire à cette crise de personnes déplacées internes. Cette lecture des archives de l’UNHCR raconte les dilemmes auxquels les agents de terrain sont confrontés dans cet environnement opérationnel où tout menace l’observance des principes humanitaires.