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Abstract

Cet article porte sur le reggaeton, une des musiques les plus écoutées à l’échelle mondiale, et sa danse emblématique, le perreo. L’article montre en quoi l’étude de ce genre musical et chorégraphique enrichit la compréhension des politiques sexuelles dans les musiques populaires. Si la logique ultra-sexualisée du reggaeton/perreo s’est traditionnellement muée en sexisme désinhibé, elle a en même temps servi de point d’appui à des opérations de retournement féministe telles que conçues par les théories queer. L’article met en relief la centralité du corps dansant (le perreo) comme espace sémiotique où se jouent les redéfinitions du régime de genre/sexualité hétéropatriarcal, apportant ainsi une contribution à la littérature sur les musiques populaires qui peine à embrasser ce tournant épistémologique. Le contraste entre les exemples des reggaetoneras Ivy Queen et Chocolate Remix permet, parallèlement, d’explorer la complexité des politiques de réception. L’article montre comment des entreprises de resignification antisexiste et antihomophobe peuvent rencontrer des résistances, a priori moins attendues, à l’intérieur même des mouvements féministes queer dans un contexte où la transnationalisation du reggaeton pose la question du difficile équilibre entre réappropriation émancipatrice et effacement du patrimoine culturel de cette musique.

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