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Abstract

Le cas du pays « fictif » de Poyais, établi en Amérique Centrale par Gregor MacGregor entre 1820 et 1824, est souvent décrit comme la fraude financière « la plus audacieuse de l’Histoire ». Cette interprétation dépeint MacGregor, cacique de Poyais, comme un individu ayant émis un emprunt souverain au nom d’un état prétendu inexistant en vue d’un enrichissement personnel. Cette opération aurait alors été́ rendue possible par un engouement londonien généralisé́ pour les titres boursiers originaires d’Amérique du sud. A la lumière de documents d’archives parfois inédits, cette thèse propose une réécriture de l’histoire du Poyais. Le projet d’émettre une dette souveraine sur le marché́ des capitaux londoniens apparaît ainsi moins comme une fraude financière qu’une tentative échouée de financer l’établissement d’une colonie privée en Amérique centrale. En proposant une micro- histoire du cas de Poyais, cette thèse s’attelle surtout à̀ réintégrer cet épisode particulier dans son environnement propre, défini essentiellement par une montée de projets commerciaux et financiers privés anglais visant à̀ tirer profits des ressources naturelles des territoires américains politiquement mal définis d’un empire espagnol périclitant. L’échec du projet de MacGregor, destiné à financer une entreprise de développement commercial en Moskitie, émerge alors comme la résultante de divergences d’’intérêts d’acteurs autant métropolitains que périphériques. Comprendre l’échec du Poyais permet ainsi de mieux identifier les spécificités des fondations de relations de crédits entre de nouvelles entités politiques – en cours de définition – et la City de Londres, centre financier international en devenir.

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